Le Sénégal et sa nouvelle vague de Fashion designer, jeune et dynamique

Alia Baré, Owens Ndiaye, Hélène Daba, Mamadou Thiam: ces créateurs représentent les nouveaux visages de la mode au Sénégal. Leur succès inspire et influence. My Chic Africa les a rencontrés.

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Assise dans le coquet jardin de sa jolie petite maison située dans un quartier tranquille de Dakar, Alia Baré revient, dans un sourire, sur son parcours. Dans la superbe robe qu’elle s’est dessinée, elle a fière allure et ressemble aux mannequins qu’elle habille lors des défilés. Une femme apparaît soudain. C’est l’épouse d’un ambassadeur européen qui vient essayer un modèle créé spécialement pour elle. La styliste répond patiemment à ses questions avant de revenir vers nous. Sa griffe,  » Faith to Faith « , est devenue un « must have » au Sénégal et dans l’ensemble de la région.

Cette mère de famille de 36 ans a suivi une belle carrière de femme d’affaires avant de se lancer dans la mode. La fille du Président nigérien Ibrahim Baré Maïnassar, assassiné le 9 avril 1999, a étudié au lycée Lafontaine de Niamey mais c’est à Dakar qu’elle a décroché son baccalauréat. Partie étudier le commerce international et la gestion à Paris, elle travaille alors pour plusieurs banques dont HSBC et le Crédit Lyonnais.

Expatriée durant trois ans en Inde, elle s’installe ensuite pendant quatre ans à Singapour. C’est là qu’elle a décidé de quitter la finance pour apprendre la mode au Raffles Design Institute. «  Lorsqu’on est une fille de bonne famille et qu’on dispose d’un certain bagage intellectuel, on vous dit qu’il n’est pas raisonnable de faire un tel virage. Mais je ne voulais pas continuer à travailler dans la banque ou devenir une desperate housewife « , explique Alia Baré. Un changement n’allant jamais seul, elle choisit également de quitter l’Asie.

« La jeune génération revient au pays »

 » J’arrivais à la fin d’un cycle de ma vie et j’avais besoin de revenir en Afrique, se souvient l’élégante et longiligne créatrice. J’avais vécu en France, aux Etats-Unis et en Asie mais on n’est jamais aussi bien que chez soi. J’avais étudié à Dakar dans ma jeunesse et ma mère s’était installée dans la capitale. J’aime en outre la sécurité et la stabilité du Sénégal. Et puis ce pays abrite de nombreux tailleurs qualifiés. «  En 2015, elle commence donc à dessiner ses premiers modèles qui sont confectionnés dans un petit atelier construit juste à côté de sa maison.

 » Au début j’allais un peu dans tous les sens mais j’ai trouvé mon style au fil des années, résume t-elle. Je ne fais que du sur-mesure et je m’adapte aux demandes de mes clients. Je souhaite montrer des silhouettes élégantes et bien proportionnées et j’aime imaginer des dessins et des broderies pour les tissus que j’utilise. Dès que je gagne un peu d’argent, j’achète des nouvelles machines pour mon atelier et j’embauche des tailleurs. Cinq personnes travaillent aujourd’hui pour moi. «  Cette réussite est une nouvelle goutte d’eau dans une vague qui commence à submerger Dakar. «  Je vois de plus en plus de créateurs présenter leurs premières collections dans la ville, constate la styliste qui vient de lancer sa première ligne pour les hommes. La jeune génération revient au pays après quelques années passées à l’étranger et de plus en plus de consommatrices veulent s’habiller avec des vêtements qui ont été dessinés en Afrique. « 

Des racines bien ancrées dans le sol africain

Owens Ndiaye ne dira pas le contraire. «  Il y a dix ans, les gens disait que la mode ne fonctionnerait jamais à Dakar, se souvient le fondateur de la griffe éponyme. Et regardez aujourd’hui… On voit de plus en plus de créateurs se lancer et beaucoup font des choses merveilleuses.  » Ce juriste de formation a toujours eu une paire de ciseau et un crayon dans les mains. «  Dès ma première année de droit, j’ai commencé à dessiner des vêtements que je faisais coudre par un tailleur en bas de chez moi, assure t-il. Mes amis m’ont ensuite demandé de leur créer des habits. J’ai fini mes études en 2011 mais j’ai décidé dès l’année suivante d’ouvrir ma première boutique. «  

Cet entrepreneur, toujours habillé à quatre épingles avec son nœud papillon et ses lunettes de soleil, possède aujourd’hui deux magasins et emploie treize personnes. Ses collections ont leurs racines bien ancrées dans le sol africain. «  Mes lignes de prêt-à-porter et mes modèles sur-mesure suivent un style tradi-moderne, résume t-il. Je crée des tenues traditionnelles comme des boubous ou des tuniques mais je les modernise avec des coupes et des tissus contemporains. « 

Sisters of Afrika

Hélène Daba suit la même stratégie. Cette ancienne mannequin âgée de 33 ans a fondé avec ses 6 sœurs la griffe « Sisters of Afrika ».  » Je suis 100% dakaroise et j’ai appris le métier à l’Institut des sciences et métiers de la mode (Ismod), explique la styliste. J’ai commencé par dessiner mes vêtements puis j’ai fait les tailleurs et les robes de mes copines et nous avons finalement lancé notre marque en 2013. Je m’adresse aussi bien aux working girls qu’aux mères au foyer. Mes tissus sont africains mais mes coupes sont modernes. Nous avons des boutiques à Dakar, à Brazzaville et nous pensons nous installer bientôt à Abidjan. Nos collections sont également vendues sur notre site internet. » Le succès de cette marque ne se dément pas. «  Nous allons nous développer un peu partout sur le continent, promet Hélène Daba. Les Africaines sont à la recherche de produits locaux mais elles sont de plus en plus exigeantes concernant la qualité des vêtements qu’elles achètent. »

Dakar abrite aussi des artisans extrêmement compétents sans qui les créateurs ne pourraient pas travailler. Mamadou Thiam est un de ceux-là. Ce chausseur qui travaille depuis 2001 a ouvert il y a tout juste quatre ans un magasin situé dans un quartier populaire.  » Momo le Bottier « , c’est son nom, propose des modèles pour les hommes et les femmes d’une qualité irréprochable.  « Une paire de mocassin demande 40 heures de travail », explique le jeune patron. Dans son atelier à l’arrière de sa boutique, sept jeunes hommes assemblent les chaussures au milieu d’une forte odeur de colle. Le succès de cette maison est tel que ses délais de livraison dépassent aujourd’hui trois mois. La mode est décidément promise à un bel avenir au Sénégal et dans l’ensemble de l’Afrique.

 


Beeso

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