"boucantier" fait son entrée dans Le Petit Larousse 2020 en honneur aux Ivoiriens

Qui aurait pensé que le couper-décaler allait contribuer à enrichir la langue française ? Les jeunes gens habillés comme des dandy et distribuant de l’argent à tort et à travers qui portaient cette musique, n’avaient pas vraiment bonne presse, à leurs débuts, en 2002.

Êtes-vous fatigué de passer des heures à écrire des textes sans obtenir le résultat escompté?


Pour davantage se le représenter, il faut plonger dans la fièvre du début des années 2000 en Côte d’Ivoire, alors en proie à une crise militaro-politique. Pantalons cintrés ornés de chaînettes, lunettes et chaussures de marque, cigares cubains, mallettes d’argent, fontaine de champagne… des jeunes dans le vent, avec à leur tête le mythique et charismatique Doukouré Stéphane dit Douk Saga, n’ont que faire du chant des mitraillettes.

Leur objectif, apporter de la joie dans cette morosité qui a fait perdre à la Côte d’Ivoire son lustre d’antan. Le pari est très vite gagné. Sur les plateaux télé, les ondes radio et dans les coins chauds de la capitale économique ivoirienne où ils s’invitent, ces jeunes revendiquent fièrement leur style de vie clinquant et extravagant, devant un public conquis. Ils se font appeler les « boucantiers ».

 

Si la tendance s’est étiolée depuis des années, surtout avec la mort de Douk Saga au tournant de l’année 2006, le mot « boucantier » reste une référence dans le lexique ivoirien, notamment pour les héritiers du mouvement. C’est d’ailleurs l’un des critères qui a encouragé au choix de cette expression, comme l’a expliqué le linguiste Bernard Cerquiglini, par ailleurs conseiller scientifique chez Larousse, au site du Monde Afrique. Pour le linguiste, Larousse reste à l‘écoute de « l’inventivité africaine », se faisant également le relai de la rumeur du monde francophone.

Autres expressions accueillies par le Petit Larousse dans sa cuvée 2020, le « taxieur », un mot d’origine algérienne pour désigner un chauffeur de taxi, ou encore « alphabète », invention burundaise pour définir quelqu’un qui sait lire et écrire. Bref, un contraire du vieux français, analphabète.


Beeso

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