Similitudes entre l’Histoire biblique du déluge et le déluge raconté dans l’épopée du Gilgamesh

Analyse de 2 versions du déluge

Êtes-vous fatigué de passer des heures à écrire des textes sans obtenir le résultat escompté?


juillet 14, 2019

Apparue entre 3400 et 3200 avant J.-C l’écriture cunéiforme sumérienne et les hiéroglyphes égyptiens sont les écritures les plus vieilles connues. Des tablettes en argile furent découvertes en Mésopotamie sur lesquelles une Histoire similaire au déluge de la bible fut déchiffrée…Pourtant ces tablettes d’argiles sont plus vieilles que l’ancien testament écrit entre -640 à -609 avant JC Pour comprendre les similitudes entre les deux textes, nous devons essayer de nous recadrer dans le contexte socio-politico-religieux de l’époque.

Selon le grand historien Hérodode, les Tribus d’Israël furent battues par le Roi assyrien Nabuchodonosor en l’an 597 avant JC. Celui-ci déporte la famille royale et l’élite juive dans son pays, entre le Tigre et l’Euphrate (l’Irak actuel). Dix ans plus tard, suite à une ultime révolte, toute la population de Jérusalem est envoyée en Mésopotamie et le prestigieux Temple de Salomon est détruit. Un demi-siècle plus tard grâce à la bienveillance du roi de Perse Cyrus 1er, vainqueur des Babyloniens, une partie d’entre eux reviennent chez eux. C’est la que dans une souci de cohésion de leur peuple et la réhabilitation de leurs valeurs religieuses que les érudits et prêtes juifs ont écrit l’ancien testament. La genèse et le déluge notamment a été fortement inspirer par l’épopée de Gilgamesh, textes écrits par les sumériens et transmis aux babyloniens puis au juifs en déportation chez eux. Voici un extrait du déluge:

L’épopée de Gilgamesh dont les premières traces remontent à 4000 ans peut être considérée comme le plus ancien texte écrit relatant le Déluge. » Utnapishtim dit à Gilgamesh – Je vais te révéler un mystère, je vais te dire un secret des dieux. – Tu connais Shurrupak, la cité qui se trouve sur les bords de l’Euphrate? Cette ville était ancienne et les dieux qui l’habitaient étaient vieux. Il y avait là Anu, maître du firmament, leur père, et le guerrier Enlil, leur conseiller, Ninurta le secourable, et Ennugi qui surveille les canaux; et avec eux aussi était Ea.
En ce temps-là le monde regorgeait de tout; les gens se multipliaient, le monde mugissait comme un taureau sauvage et le grand dieu fut réveillé par la clameur. Enlil entendit la clameur et il dit aux dieux assemblés : – Le vacarme de l’humanité est intolérable, et la confusion est telle qu’on ne peut plus dormir. Ainsi les dieux furent-ils d’accord pour exterminer l’humanité.
Enlil le fit, mais Ea, en raison de son serment, m’avertit en songe. Il murmura leurs mots à ma maison de roseaux: – Maison de roseaux, maison de roseaux! Mur, O mur, prête l’oreille, maison de roseaux, mur, réfléchis; O homme de Shurrupak, fils d’Ubara-Tutu; détruis ta maison et construis un bateau, abandonne tes biens et cherche la vie, méprise les biens du monde et sauve la vie de ton âme. Détruis ta maison, te dis-je, et construis un bateau. Voici les mesures du navire que tu dois construire : que son bau soit égal à sa longueur, que son pont ait un toit comme la voûte qui couvre l’abîme; alors rassemble à l’intérieur du bateau la semence de tous les êtres vivants. 

Le temps était écoulé, le soir venait, le cavalier de l’orage lançait la pluie. Je regardai au-dehors le temps qu’il faisait; c’était effrayant, alors moi aussi j’embarquai et voligeai le bateau. Tout était maintenant terminé, le voligeage et le calfatage; aussi donnai-je la barre du gouvernail à Puzur-Amurri, le timonier, responsable de la navigation et de tout le bateau. A la première lueur de l’aube, un nuage noir vint de l’horizon; il tonna là où Adad, le maître de l’orage, chevauchait. En face, au-dessus de la colline et de la plaine, Shullat et Hanish, hérauts de l’orage avançaient toujours.
Alors les dieux de l’abîme surgirent; Nergal retira les digues des eaux inférieures, Ninurta, le seigneur de la guerre, jeta à bas les barrages, et les sept juges de l’enfer, les Annunaki, élevèrent leurs torches, éclairant la terre de leur flamme livide. Un cri de désespoir monta au ciel quand le dieu de l’orage changea la lumière du jour en obscurité, quand il mit la terre en miettes comme une simple coupe. Tout un jour la tempête fit rage, augmentant encore en furie; elle fondait sur le peuple, comme les marées de la bataille; un homme ne pouvait pas voir son frère, et du ciel on ne voyait pas les hommes. Même les dieux étaient terrifiés par l’inondation; ils fuirent jusqu’au plus haut du ciel, le firmament d’Anu; ils rampaient le long des murs, courbés comme des chiens. Alors, Ishtar, la Reine du Ciel à la voix douce, hurla comme une femme dans les douleurs : – Hélas, les anciens jours sont changés en poussière parce que j’ai ordonné le mal; pourquoi ai-je ordonné ce mal dans le conseil de tous les dieux? J’ai ordonné des guerres pour détruire le peuple, mais les hommes ne sont-ils pas mon peuple puisque je les ai mis au monde? Maintenant, comme le frai du poisson, ils flottent sur l’océan. Les grands dieux du ciel et de l’enfer pleuraient. Ils se couvrirent la bouche. Pendant six jours et six nuits les vents soufflèrent, le torrent, la tempête et l’inondation accablèrent le monde, la tempête et l’inondation firent rage ensemble comme des armées en bataille.

Quand l’aube du septième jour se leva, l’orage qui venait du sud s’apaisa, la mer devint calme, l’inondation était apaisée; je regardai la face du monde, et c’était le silence, toute l’humanité était changée en argile. La surface de la mer s’étendait aussi plate que le sommet d’un toit; j’ouvris une écoutille et la lumière tomba sur mon visage. Alors, je m’inclinai profondément, je m’assis et pleurai; les larmes ruisselaient sur mon visage car de tous les côtés c’était le désert de l’eau.
Je cherchai des yeux la terre en vain, mais à quatorze lieues apparut une montagne où le bateau s’échoua. Sur la montagne de Nisir, le bateau tint bon, il tint bon et ne remua pas. Un jour, il tint et un second jour sur la montagne de Nisir, il tint bon et ne bougea pas. Un troisième jour et un quatrième jour, il tint bon sur la montagne et ne bougea pas; un cinquième jour et un sixième jour, il tint bon sur la montagne. Quand l’aube du septième jour se leva, je lâchai une colombe et la laissai partir. Elle s’envola, mais ne trouvant pas d’endroit où se poser, revint. Puis je lâchai une hirondelle. Elle s’envola, mais ne trouvant pas d’endroit où se poser, revint : je lâchai un corbeau, il vit que les eaux s’étaient retirées, il mangea, il vola alentour, il croassa et ne revint pas. Alors, j’ouvris tout aux quatre vents, j’offris un sacrifice et versai une libation au sommet de la montagne. (…) « 

Et le dieu de donner ce conseil à Utanapishtim: Démolis ta maison pour te faire un bateau ! Renonce à tes richesses pour sauver ta vie ! Détourne-toi de tes biens pour te garder sain et sauf ! Mais embarque avec toi des spécimens de tous les animaux.
Six jours et sept nuits durant, bourrasques, pluies battantes, ouragans et déluge continuèrent de saccager la terre.

Les similitudes avec le texte biblique sont frappantes : ainsi, comme Noé dans la Bible, Utanapishtim lâche une colombe afin de repérer une terre émergée et finit par accoster sur une montagne.

 

Source : https://afrikhepri.org/similitudes-entre-lhistoire-biblique-du-deluge-et-le-deluge-raconte-dans-lepopee-du-gilgamesh/


Frédéric Cabas-Perrot

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