ZIRYAB ’’L’OISEAU NOIR’’: l’Africain qui a influencé le mode de vie occidental

Si vous mangez des asperges, ou si vous commencez votre repas avec une soupe et un dessert, ou si vous utilisez un dentifrice, ou si vous portez vos cheveux en frange, vous le devez à l’un des plus grands musiciens de l’histoire ;

Êtes-vous fatigué de passer des heures à écrire des textes sans obtenir le résultat escompté?


Connu sous le nom de Ziryab, un terme familier arabe qui signifie  “oiseau noir”. Il vécut en Espagne médiévale il y’a plus d’un millier d’années.  Esclave affranchi il fit fortune en émerveillant la cour royale de Cordoba avec ses chansons. Il fonda une école de musique dont la renommée survécu plus de 500 ans après sa mort. Ibn Hayyan de Córdoba, l’un des plus grands historiens arabes en Espagne, affirme dans son ouvrage « Al-Muqtabas » (La citation) que Ziryab savait des milliers de chansons par cœur révolutionna la conception de l’instrument de musique qui devint  le luth. Il répandit  un nouveau style musical autour de la Méditerranée, constitue de troubadours et de ménestrels dont l’influence affecta le cours de la musique européenne.


Il régularisa  les goûts le style de vie et les bonnes manières, exerçant ainsi une modification profonde de la société médiévale européenne. Comment les gens s’habillaient, quoi et comment ils mangeaient, comment ils socialisaient, quelle musique ils écoutaient et dansaient, tout ceci a été influencé par Ziryab. Il n’est pas surprenant que vous n’ayez jamais entendu parler de cet artiste remarquable à cause de ses origine africaine et arabe son nom fut oublie dans le tourbillon de l’histoire du monde occidental. Cependant les innovations qu’il introduisit  en Europe continu à être d’actualité…

En règle générale la langue arabe est souvent évoquée lorsque l’on essaie de comprendre pourquoi Zyrian est peu ou pas du tout connu du grand monde,  cette langue étant utilisée dans  la cour royale de l’empire arabe en Espagne. Les musulmans d’Arabie et d’Afrique du Nord conquirent cette partie de l’Espagne dès l’an 711 jusqu’en 1492 année ou le dernier vestige de la domination arabe dans la péninsule ibérique, le Royaume de Grenade, fut conquis par les armées du roi Ferdinand et la reine Isabelle la même année qui vit Christophe Colomb s’embarquer pour le Nouveau Monde sous le parrainage du Royaume d’Espagne.


Les Arabes appelèrent leur domaine Ibérique Al-Andalus, par  référence directe aux Vandales, qui occupaient la péninsule au courant du  cinquième siècle, et dont l’héritage était encore omniprésent lorsque les forces musulmanes en prirent possession au huitième siècle. Cette appellation a survécu jusqu’à nos jours le sud de l’Espagne étant la province, d’Andalousie. À son apogée, Al-Andalus connu un âge d’or de civilisation qui se propagea dans le restant de  l’Europe, et montra la voie à la Renaissance européenne qui suivi. 

Dans cette région Musulmans, Chrétiens et Juifs interagissaient dans une convivialité, et une tolérance sans pareil. L’Influences de l’Espagne Arabe se propagea en  France, et dans toute l’Europe, jusqu’ aux  Amériques avec la colonisation. C’est dans ce contexte que les réalisations de Ziryab devinrent partie intégrante de la culture occidentale.
Ziryab heureusement ne fut pas oublié dans le monde arabe, c’est d’ailleurs à partir des historiens Arabes que nous sommes au courant de sa vie et ses œuvres.  L’historien du 17e siècle arabe al-Maqqari dit dans son ouvrage al-Tib Nafh (brise parfumée), «Il n’y eu jamais ni avant ni après lui, un homme de sa profession qui fut autant aimé et admiré.”

Ziryab « l’oiseau noir » s’appelait en réalité  Abu al-Hasan ‘Ali ibn Nafi’, et il naquit vers l’an 789 en l’Irak ancienne Babylone  probablement dans sa capitale, Bagdad. Cependant il est important de noter que les historiens arabes admettent en générale qu’il était un esclave affranchis, exerçant la fonction de page membre d’une famille d’employeurs de cours  qui  aurait  servi al-Mahdi, le calife souverain de l’empire des abbassides situe à Bagdad de 775 jusqu’à sa mort en 785. Pendant  cette période il était monnaie courante de voir des musiciens de renom esclave ou affranchis, certains étant  d’origine africaine, d’autres venant d’Europe ou du Moyen-Orient (y compris le Kurdistan et la Perse). Les historiens continuent de débattre sur la véritable origine de Ziryab qui serait perse, kurde ou Africain. Cependant Selon Ibn Hayyan, ‘Ali Ibn Nafi’ il fut surnommé  Ziryab « oiseau noir » à  cause de son teint très sombre, de la clarté de sa voix et «la douceur de son caractère.” C’est pourquoi il est admis par la majorité de chercheur en la matière qu’il était d’origine Africaine. Son retour sur la terre africaine apres sa mauvaise fortune en Iraq est un autre fait qui soutient cette thèse.

Ziryab étudia la musique sous la houlette d’un musicien et chanteur de grande réputation à la cour royale Ishaq al-Mawsili (“Isaac de Mossoul»). Ishaq, et son père bien plus célèbre, Ibrahim, sont avec  Ziryab considérés comme  les trois artistes fondateurs de la musique arabe.
Bagdad  d’alors était un centre mondial de la culture, de l’art et de la science. Son souverain le plus célèbre était   Harun al-Rashid, qui  succéda à al-Mahdi. Harun était un amoureux de la musique, et aimait à inviter de nombreux chanteurs et musiciens au palais pour le divertissement de ses convives. Ishaq, en tant que musicien chef de Haroun, forma un certain nombre d’étudiants dans les arts musicaux, parmi eux  Ziryab « l’oiseau noir »  qui selon son maitre de musique était intelligent et doué d’une bonne oreille; en dehors de ses leçons de musique il  apprit subrepticement les chansons de son maître, ce qui auraient été complexe et difficile, même pour un expert. Ishaq ne réalisa pas combien Ziryab avait appris jusqu’au jour ou  Harun  demanda à entendre le jeune musicien.

Dans le récit de Ibn Hayyan (tel que rapporté par al-Maqqari), Ishaq dit au calife: «oui, j’ai entendu de belles choses à propos de Ziryab, quelques mélodies claires et émotionnelles, particulièrement  certaines de mes propres interprétations plutôt complexes. Je lui ai enseigné ces chansons parce que je les considérais à la hauteur de son doigté  “

Ziryab fut convoqué, et  chanta pour Haroun al-Rachid. Ensuite, lorsque le Calife lui parla, Ziryab répondit  de manière distinguée, avec grâce,  et charme  Haroun lui  demanda d’où il tenait son habileté, et Ziryab (l’oiseau noir) répondit : «Je peux chanter les chansons que les autres chanteurs savent, cependant  mon répertoire est constitué des chansons qu’il ne convient  d’interpréter que devant un Calife  comme votre majesté. Les autres chanteurs ne connaissent pas ces chiffres. Si Votre Majesté le permet, je vais chanter pour vous ce que l’oreille humaine n’a jamais entendu auparavant. ”
Harun haussa les sourcils, et ordonna que le luth du maître Ishaq soit remis à Ziryab. Le luth arabe ou l’oud, modèle de luth ancêtre de la guitare moderne, était un instrument à quatre lignes de cordes, sur un corps en forme de demi-poire avec un manche recourbé.Ziryab respectueusement déclina l’instrument. «J’ai apporté mon propre luth», dit-il, “que je l’ai fabriqué  moi-même, en décapant et en sculptant le bois, aucun autre instrument ne pourrait me satisfaire. Je l’ai laissé à l’entrée du palais et, avec votre permission, je vais l’envoyer chercher. ”
Harun envoya chercher ledit luth. Il l’examina. Il ressemblait à celui d’Ishaq al-Mawsuli.
«Pourquoi ne joues-tu pas le luth de ton maître?” Le Calife demanda.
«Si le Calife veut que je chante dans le style de mon maître, je vais utiliser son luth. Mais pour chanter dans mon propre style, j’ai besoin de cet instrument. ”
«Ils se ressemblent à mon avis”, déclara Haroun.
«À première vue, oui,» dit Ziryab », mais même si le bois et la taille sont les mêmes, le poids ne l’est pas. Mon luth pèse environ un tiers de moins que celui d’ Ishaq, et ses cordes sont faites de soie qui n’a pas été filé avec de l’eau chaude, ce qui les fragilise. La contrebasse et les troisièmes cordes sont faites de boyaux de lion, qui sont plus doux et plus sonore que ceux de tout autre animal. Ces ficelles sont plus solides que toutes les autres, et elles peuvent mieux résister à la frappe de l’onglet. “L’onglet de  Ziryab était une griffe d’aigle polie, plutôt que le morceau habituel de bois sculpté. Il avait également, de manière significative, ajouté une cinquième ligne de corde à l’instrument.

Harun satisfait, ordonna a Ziryab de jouer. Le jeune homme commença une chanson qu’il avait composée lui-même. Le calife fut très impressionné. Il se tourna vers Al-Mawsuli et dit: «Si je pensais que vous m’aviez caché les capacités extraordinaires de ce jeune homme, je vous aurais puni pour ne m’avoir pas parlé de lui. Poursuivez son instruction jusqu’à ce qu’elle soit terminée. J’aimerais contribuer à son développement. “

Ziryab avait apparemment dissimulé ses plus beaux talents à  son propre professeur. Lorsqu’Ishaq finalement se retrouva seul avec son élève, il fut pris de rage se sentant trompé. Il dit que franchement il était jaloux des compétences de Ziryab, et craignait que l’élève allait bientôt remplacer le maître dans les faveurs du Calife.

“Je ne pourrais pardonner cela à aucun homme, même pas mon propre fils», il déclara Ishaq. “Si je n’avais pas encore un peu d’affection pour toi, je n’hésiterais pas à te tuer, peu importe les conséquences. Voici ton choix: quitte Bagdad, va t’installer loin d’ici, et jure que je n’entendrai plus jamais parle de toi. Si tu es d’accord, je te  donnerais assez d’argent pour répondre à tes besoins. Mais si tu choisis de rester et ce malgré moi, je te  préviens, que je risquerais  ma vie et tout ce que je possède pour t’écraser. Fait ton choix! “


Ziryab n’hésita pas, il prit l’argent et quitta la capitale abbasside. 

Ishaq plutard expliqua l’absence de son protégé en affirmant que Ziryab était mentalement déséquilibré et avait quitté Bagdad en colère pour n’avoir  pas reçu de cadeau de la part du calife.  « Le jeune homme est possédé», Ishaq dit a Haroun al-Rachid. «Il est sujet à des accès de frénésie qui sont horribles à voir. Il croit que les djinns (esprits) parlent avec lui et inspirent sa musique. Il est si hargneux, il croit que son talent est inégalé dans le monde. Je ne sais pas où il est maintenant. » Soyez heureux, Votre Majesté, qu’il soit parti.

Il y avait un soupçon  de vérité dans les dires d’ Ishaq: Selon Ibn Hayyan et d’autres, Ziryab croyais que dans ses rêves, il entendait les chants des djinns, les êtres spirituels des traditions islamiques et arabes. Il eut l’habitude de se réveiller d’un rêve au milieu de la nuit et de convoquer ses étudiants, pour leur enseigner les mélodies qu’il avait entendu dans ses rêves.
Comme le note M. Reinhardt Dozy dans « Histoire des musulmans d’Espagne, » «nul ne savait mieux que Ishaq qu’il n’y avait pas la folie dans tout cela: quel  vrai artiste, croyant aux djinns ou pas, n’a connu des moments où il a été sous l’emprise des émotions difficiles à définir, en savourant ces instants surnaturel? ”
Ziryab et sa famille fuirent Bagdad pour l’Égypte et traversèrent  l’Afrique du Nord jusqu’à Kairouan dans l’actuelle Tunisie, siège de la dynastie Aghlabide de Ziyadat Allah I. Il fut accueilli dans la cour royale. Mais il n’avait aucune intention de rester à Kairouan, ses yeux étaient rivés  sur l’Espagne. Sous les Omeyyades, Cordoba était en train de devenir un joyau culturel rivalisant avec Bagdad, et Ziryab pensait que Córdoba pouvait être un cadre propice à ses talents.
Ziryab a écrivit  à al-Hakam, souverain de l’émirat d’Al-Andalus, lui offrant ses compétences musicales. Al-Hakam, ravi à la perspective d’avoir un musicien de Bagdad dans sa cour, lui répondit positivement  l’invitant à rejoindre Córdoba. Il offrit  au musicien un beau salaire. Ziryab et sa famille firent leurs bagages et se dirigèrent  par voie terrestre vers le détroit de Gibraltar. Là, ils embarquèrent  sur un navire en partance pour Algésiras, en Espagne.

Lorsque Ziryab est arriva en Espagne en l’an 822, il fut choqué d’apprendre que al-Hakam était mort. Dévasté, le jeune musicien était prêt à retourner en Afrique du Nord. Mais grâce à la recommandation élogieuse  de Abu al-Nasr Mansur, un musicien juif de la cour royale de Cordoba, le fils d’al-Hakam successeur du trône Abd al-Rahman II lui  renouvela l’invitation faite par son défunt père.
Après une rencontre avec le virtuose de 33 ans venu de Bagdad, ‘Abd al-Rahman-qui était environ du même âge que ce dernier lui  fit une offre attrayante. Ziryab recevrait ainsi un salaire de 200 pièces d’or par mois, avec des bonus de 500 pièces d’or pendant  de l’été 1000 lors du nouvel an et à chacune des deux grandes fêtes islamiques. Il lui sera donné 200 boisseaux d’orge ainsi que 100 boisseaux de blé chaque année. Il recevrait un palais modeste à Córdoba ainsi que plusieurs villas avec des terres agricoles productives en campagne. Naturellement, Ziryab accepta, du jour au lendemain, il  devint un membre prospère de classe supérieure dans l’Espagne islamique.

Abd al-Rahman en recrutant le jeune musicien avait pour objectif d’importer la culture et le raffinement dans le pays rugueux qu’était l’Al-Andalus, l’ouest sauvage du monde arabe qui il n’y’avait pas si longtemps que ça, était la terre gothique des “barbares” loin des centres civilisés de Damas(Persépolis) et Bagdad. La famille du souverain des Omeyyades elle-même était  arrivée sur la péninsule ibérique comme exilés de Damas, où ils gouvernèrent  un empire islamique pendant plusieurs centaines d’années avant d’etre dechu . A cette époque le royaume de référence était  la dynastie des Abbassides de Bagdad, cette  ville étant devenue un pôle d’attraction pour les scientifiques, artistes et savants de toutes les catégories.
En fait, ‘Abd al-Rahman fit cet offre a Ziryab avant même que ce dernier n’ai pu prouver de quoi il était capable. Et quand il finalement entendit  les chansons de Ziryab, les contemporains disent que  le souverain était tellement captivé qu’il n’osa plus jamais écouter un autre chanteur. Depuis ce jour, ‘Abd al-Rahman et Ziryab devinrent des confidents et proches amis, ils se rencontraient souvent pour discuter de la poésie, de l’histoire des  arts et des sciences.
Ziryab servit comme une sorte de «ministre de la culture” pour le royaume d’Al Andalus. Un de ses premiers projets fut de fonder une école de musique, qui ouvrit  ses portes non seulement aux talentueux fils et filles des classes supérieures, mais aussi aux artistes des classes inférieures de la  cour. Contrairement à la rigidité  des conservatoires de Bagdad, l’école de Ziryab encourageais l’expérimentation des styles musicaux et les instruments. Alors que l’académie enseignait les styles de renommée mondiale et des chansons de la cour de Bagdad, Ziryab  rapidement commença l’introduction de ses innovations et  établi sa réputation en tant que, selon les termes de l’Encyclopédie de l’Islam, “le fondateur de la tradition musicale de l’Espagne musulmane.”
Il  créa les règles régissant l’exécution des Nuba (ou nauba), une importante  forme de musique andalouse arabe qui existe jusqu’au aujourd’hui dans la musique classique de l’Afrique du Nord, connue sous le nom Maluf en Libye, en Tunisie et en Algérie orientale, et tout simplement comme la musique andalouse plus à l’ouest. Ziryab créa  24 Noubas, une pour chaque heure de la journée, comme les ragas classiques de l’Inde. Le formulaire de Nuba est devenu très populaire dans la communauté chrétienne espagnole et a eu une influence importante sur le développement de la musique médiévale européenne.
L’Ajout d’une cinquième paire de cordes au luth a donné  à l’instrument une plus grande délicatesse d’expression et une plus grande portée. En tant que historien de la musique Julian Ribera  écrit dans les années 1920, que le luth médiéval avec sa série de 4  cordes était largement considéré comme  correspondent aux quatre humeurs du corps. La première paire était jaune, symbolisant la bile, la seconde était rouge de sang, le blanc la troisième pour le flegme, et la quatrième paire la basse, était noire symbole de mélancolie. Ziryab, il a été dit, donna une âme au luth, ajoutant une autre paire de cordes rouge entre la deuxième et la troisième ligne.

Ziryab accru la sensibilité du luth en jouant l’instrument avec un onglet fait de griffe d’aigle ou plus souple en utilisant la plume d’oie, plutôt que l’onglet traditionnel en bois. Cette innovation se répandit rapidement, si bien que aucun musicien qualifié de Córdoba n’envisageait de toucher encore les cordes de son luth avec du bois.

Ziryab fut  réputé pour la connaissance par cœur des paroles et mélodies de près de 10.000 chansons. Bien que cette affirmation paraisse exagérée, sa mémoire très certainement était prodigieuse. Il fut également un excellent poète, un étudiant de l’astronomie et de la géographie, ainsi qu’un orateur éblouissant, selon Ibn Hayyan et al-Maqqari. Il discutait souvent des coutumes et des mœurs des peuples à travers le monde connu, et parlait longuement de la haute civilisation basée à  Bagdad.  Sa popularité et son influence  en Al-Andalus grandirent en même temps. Ses suggestions et recommandations  devinrent la mode populaire. Beaucoup de ses idées nouvelles, progressivement migrèrent vers la terre des Francs en France, en Allemagne, en Italie du Nord et au-delà.
Ziryab aimait  la nourriture bien préparée presqu’autant que la musique. Il révolutionna les arts de la table en Espagne, méthode qui de nos jours sont encore d’actualité.

Avant Ziryab, la cuisine espagnol était une affaire simple, voire brute, héritée de Visigoths, qui succédèrent les Vandales. Dans les coutumes locales d’alors, les  Plats de différents aliments étaient entassés ensemble, consommés  au même moment, sur des tables en bois nues. Les manières et la tenue de table étaient  inexistantes.

Un large éventail d’aliments était disponible en Al-Andalus viandes, poissons, volailles, légumes, fromages, soupes et sucreries. Ziryab les combina pour en faire des recettes imaginatives, beaucoup d’entre elles s’inspirant de Bagdad. Un de ces plats, composé de boulettes de viande et de petites pièces triangulaires de pâte frite dans l’huile de coriandre, vint à être connu comme taqliyat Ziryab, ou plat de frites de Ziryab, beaucoup d’autres recettes porte ainsi son nom. Il ravit les convives de la cour en faisant d’une mauvaise herbe de printemps humblement appelé asperge un légume de dîner. Ziryab conçu  un certain nombre de délicieux desserts, dont ce cocktail inoubliable de noisette et de miel qui est servi jusqu’à ce jour dans la ville de Saragosse. Dans son pays d’adoption, Córdoba, le musicien-gastronomique est immortalisé  aujourd’hui dans un vieux plat de fèves rôties et salées appelées ziriabí.

l’envergure de la réputation de Ziryab (l’oiseau noir) est telle que même aujourd’hui, en Algérie, où l’influence andalouse continue d’échoir, la douce pâtisserie d’orange arabes connues sous le nom  zalabia , la bas il prend la forme d’une spirale de pâte frite trempée dans du sirop de safran il est considéré par beaucoup d’ Algériens comme dérivant de son nom, une réclamation impossible de confirmer ou d’infirmer. Une version indienne du zalabia, le jalebi, remonte au 15ème siècle en Inde mais pas plus tôt, et pourrait bien être un emprunt auprès des Arabes d’où  de Ziryab.

Avec la bénédiction de l’émir, Ziryab  décréta que les dîners au palais seraient servis selon une séquence fixe,  commençant par les soupes ou bouillons, continuant avec le poisson, volaille ou viande, et  concluant avec des fruits, des desserts sucrés et les bols de pistaches et autres noix. 

Ce style de présentation, du jamais vu, même à Bagdad ou Damas, progressivement gagna en popularité, se répandant dans les classes supérieures dirigeante et les riches marchands puis chez les chrétiens, les juifs, ainsi que dans la paysannerie. Finalement cette coutume devint la règle dans toute l’Europe. L’expression anglaise ’’from soup to nuts’’(de la soupe aux noix)», indiquant un somptueux repas de plusieurs plats, remonte aux innovations de  Ziryab à la table de Al Andalus.

Ziryab a enseigna aux  artisans locaux comment produire outillé et équipé les tables à manger de revêtements en cuir. Il  remplaça les gobelets lourds en or et en argent des classes supérieures hérités  des Goths et des Romains avec du délicat, cristal finement ciselées. Il redessina la cuillère à soupe lourde en bois et encombrante, en l’effilant en un modèle plus léger.
Ziryab  également porta son attention sur les soins du corps et  la mode. Il  développa le premier dentifrice en Europe (bien que l’on ne sache pas  exactement ce qu’était les ingrédients). Il a popularisé le rasage pour les hommes et mis en place les nouvelles tendances de coupe de cheveux. Avant Ziryab, la royauté et la noblesse nettoyaient leurs vêtements avec de l’eau de rose; il améliora le processus de nettoyage, en  introduisant l’utilisation du sel.

Pour les femmes, Ziryab (l’oiseau noir) ouvrit  un salon de beauté et une école de cosmétologie non loin de l’Alcazar, le palais de l’émir. Il  créa les coiffures assez osée  pour l’époque. Les femmes de l’Espagne, traditionnellement portaient leurs cheveux séparés au milieu, couvrant leurs oreilles, avec une longue tresse dans le dos. Ziryab introduisit une coiffure plus courte, coupée, avec une frange sur le front et les oreilles découvertes. Il a enseigné le façonnage des sourcils et l’utilisation de produits dépilatoires pour enlever les poils du corps. Il  introduisit de nouveaux parfums et des cosmétiques. Certains conseils de mode de Ziryab sont inspirés  de l’élite sociale des cercles de Bagdad, la ville la plus cosmopolite du monde à l’époque. 

Certaines de ses recettes étaient tout aussi bien inspirées de l’Al Andalus locale,  simplement revu et corriger par Ziryab qui en tant que célébrité les préconisait et participait ainsi à leur généralisation, il peut donc être considéré comme la première star qui endossa les campagnes publicitaire les gens imitant son style pour gagner l’estime des autres par simple référence à son nom.


Il harmonisa  l’habillement dans la cour en le règlementant, il décréta  le premier calendrier de saison de la mode en Espagne. Au printemps, les hommes et les femmes devaient porter des couleurs vives dans leurs tuniques de lin ou de coton, chemises, chemisiers et robes. Ziryab introduisit des vêtements de soie colorées pour compléter des tissus traditionnels. En été, des vêtements blancs étaient la règle. Lorsque la température se refroidissait, Ziryab recommandait de longues capes garni de fourrure, qui firent fureur en Al-Andalus.

Ziryab exerça une grande influence à la cour de l’émir, jusque dans la prise de décisions politiques et administratives. ‘Abd al-Rahman II ; fut crédité de l’organisation des «normes de l’État» en Al-Andalus, en transformant le modèle romain-visigoth à celui s’apparentant au système mis en place par la dynastie des Abbassides, il est dit que Ziryab aurait joué un rôle important dans ce processus.

Ziryab facilita l’arrivée des  astrologues de l’Inde et médecins juifs d’Afrique du Nord et d’Irak. Ziryab encouragea la propagation du savoir en astronomie.  Ziryab demanda aux Indiens bon joueurs d’échec d’enseigner ce jeu aux membres de la cour royale, c’est de là que ce jeu  se répandit dans toute la péninsule.

Malheureusement  Abd al-Rahman II, mourut vers 852, et Ziryab innovateur remarquable est dit avoir lui aussi succombé  environ cinq ans plus tard. Les enfants de Ziryab maintinrent  en vie ses inventions musicales, afin  d’assurer leur diffusion dans toute l’Europe. Chacun de ses huit fils et deux filles éventuellement poursuivi une carrière musicale, mais tous ne devinrent des célébrités. Le chanteur le plus populaire était le fils Ubayd Ziryab Allah, même si son frère Qasim était réputé avoir une meilleure voix.  En terme de talent l’aine ‘Abd al-Rahman, le premier des enfants pris  en charge l’école de musique, après la mort de leur père même si il est souvent évoqué que l’arrogance engendra sa chute, car il  finit par s’aliéner a yeux de tout le monde, selon l’historien Ibn Hayyan.

Les filles de Ziryab étaient des musiciennes talentueuses. La meilleure artiste était Hamduna, dont la renommée se traduisit par son mariage avec le vizir du royaume. Le meilleur professeur était Ulaiya sa sœur,  la dernière  des enfants de Ziryab, qui  ensuite hérita de la plupart des clients de son père. Lorsque ‘Abd al-Rahman II et Ziryab quittaient la scène, Cordoba était en train de s’affirmer comme une capitale culturelle et siège de l’érudition. Au moment où Abd al-Rahman 3eme  pris le pouvoir en 912, la ville était devenue le centre intellectuel de l’Europe. Comme l’historien James Cleugh le souligne, parlant de la place de Cordoba en Espagne et dans le monde moderne “, il n’y avait rien de semblable, à cette époque, dans le reste de l’Europe. Les meilleurs esprits de ce continent regardaient vers l’Espagne pour tout ce qui différencie le plus clairement un être humain à un tigre. “

Pendant que  le premier millénaire tirait  à sa fin, les étudiants de la France, de l’Angleterre et du reste de l’Europe affluèrent à Cordoba pour étudier les sciences, la médecine et la philosophie et  profiter ainsi de la grande bibliothèque municipale dotée  de plus de 600 000 volumes. Quand ils rentraient dans leur pays d’origine, ils prenaient avec eux non seulement des connaissances, mais aussi l’art, la musique, la cuisine, la mode et les mœurs.

L’Europe s’est trouvée inondée de nouvelles idées et de nouvelles coutumes, et parmi les nombreuses vagues et courants qui coulaient vers le nord de la péninsule ibérique, plus d’un avait été canalisée par Ziryab.

Extraits de cet article peuvent être trouvés en Anglais sur les pages 2-11 de l’édition imprimée d’Al-Andalus de Saudi Aramco World.Article inspiré   par Robert W. Lebling Jr ’’the flight of the blackbird”  illustre par Norman Mac Donald traduit de l’anglais par Hubert Marlin Jr


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