L'hypersexualisation des danses

Twerk twerk twerk...Les danses à caractère sexuel sont désormais exhibés sans tabou dans les médias et polluent mon petit écran. Je m'y suis déjà essayé, je l'avoue (le moutonnage vous connaissez ?) cependant je commence sérieusement à ressentir une véritable aversi

Êtes-vous fatigué de passer des heures à écrire des textes sans obtenir le résultat escompté?


1-Il était une fois...le twerk

 

Le twerk est à la base de ce fléau. Cette danse s'est distillé dans la culture hip-hop américaine  dans les années 90s pour ensuite connaître son âge d'or en 2013. On ne peut pas parler d’ascension du twerk sans faire allusion à Miley Cyrus et sa piètre démonstration aux MTV Awards de cette même année.  L’ex-héroïne de Disney ( qui n’a pas de fesses ni de déhanché je précise) s’est essayé à un semblant de twerk sur Robin Thicke durant la cérémonie : sa prestation a enflammé les téléspectateurs et internautes et a fait le tour du globe. C’est ainsi que la fièvre twerk s’est propagé dans le reste du monde et donc en France.

 

 

Rihanna  a repris le flambeau avec un booty shake plus que hot dans le clip "Pour it up", Nicki Minaj nous a fait une démonstration d'experte sur Drake dans "Anaconda" et les babys mamas Amber Rose et  Black Chyna s’en donnaient à cœur joie sur La Toile en remuant leurs derrière avec frénésie. Depuis lors, la tendance s’est popularisée, les concours de twerk s’enchainent sur la Toile, les courbes et les fesses se dévoilent sans pudeur. L'engouement que suscite le twerk dans les réseaux sociaux et un peu partout dans les médias tendait à s’essouffler puis a été ravivé par les positions lascives de Rihanna sur Drake dans "Work"  (c'est qu'il aime ça le Drake hein). Bon nombre de femmes et jeunes filles s’entrainent sans relâche pour choper leur meilleur coup de rein et être "trendy". ça vient des States you know

 

Hum...States? Arrêtons-nous un instant...Je ne suis pas DU TOUT d’accord sur ce coup-là ! On remue ses fesses depuis des lustres un peu partout dans le monde!  Les danseuses du carnaval de Rio de Janeiro, de kininike  de Madagascar ou lesDancehall Queen de Jamaïque n’ont rien à envier aux twerkeuses! Ceci dit, l'origine de ces danses est sans conteste africaine.

 

 

2-Le tour d’Afrique du booty shake

 

Sur le continent africain, certaines danses ont été créés pour mettre en exergue les courbes généreuses, voire l’hypertrophie de l’arrière-train de certaines femmes africaines. En 2007 par exemple, le concept ivoirien bobaraba ( "grosses fesses" en malinké), qui n’était autre que la célébration des fesses charnues, a fait danser toute l’Afrique.

 

En revanche, beaucoup de danses ou rites traditionnels ont été travestis et sexualisés à des fins commerciales.
Prenons pour exemple sur le mapouka: directement tiré du makpaka, danse traditionnelle du sud de la Côte d'Ivoire, a été popularisé par les Nigui Saff en 1997 et a enflammé les dancefloor du monde entier. Le groupe Nigui Saff avait d'ailleurs remporté le Kora du meilleur groupe africain de musique moderne d’inspiration traditionnelle en 1999.

 

Jusque là rien d'anormal..seulement, la danse a été poussé à une extrême perversion avec le mapouka dedja, version pornographique de la danse.

 

En 2015, DJ Jojo et DJ Coquelet, les créateurs d’Akobo poussière se sont inspirés de l’adjoss et du blomé, danses traditionnelles du pays baoulé pour créer leurs pas de danses.

 

 

Le concept a malheureusement été dénaturé pour être rendu trash et vulgaire par une pseudo-artiste dont je tairais le nom.

 

Je veux maintenant attirer votre attention sur les parents directs du twerk  : on retrouve d'une part le leumbel du Sénégal et  d'autre part le chakacha et le baiokoko de Tanzanie.

Au Sénégal, le leumbeul  est une danse érotique dérivée du sabar, danse traditionnelle du pays. En outre, le twerk n'est autre qu'une américanisation du leumbel pour beaucoup de sénégalais. Le journal Libération avait d'ailleurs fait le lien entre le dérivé du sabar et le twerk après avoir eu écho des commentaires de quelques médias et forums sénégalais qui débattaient autour de l'appropriation culturelle du leumbeul par les Etats-Unis.
mêmes....Jugez plutôt par vous-

 

 

Le chakacha, danse caractérisée des mouvements langoureux et sensuels du bassin, est typiquement tanzanien.  On va aussi le retrouver  au Kenya, aux Comores et à Mayotte.  

sur une musique du groupe kenyan Safari Group Band.J'ai trouvé une bonne petite vidéo pour que vous puissiez voir à quoi cela s'apparente. Celle vidéo représente des femmes comoriennes qui exécutent du chakacha 

 

 

Quant au baiokoko,  c’est une danse qui fait partie intégrante de la culture des femmes de la région côtière de Tanga en Tanzanie. Les femmes Tanga sont conditionnées à maximiser le bien-être de leur conjoint depuis le bas âge et reconnus pour leur prouesse sexuelle. Ce qui est pour le moins étonnant, c'est que cette culture de la sensualité dans laquelle baigne les femmes Tanga tranche avec les vestiges de la culture orientale légués par la conquête arabe sur leur territoire. 

 

J’ai découvert ces danses tanzaniennes avec le titre de Diamond Platnumz « Nasema Nawe » qui est sorti en Avril 2015.  Le chanteur y indexe les filles qui ont des mœurs légères (les voleuses de maris entre autres) et le clip illustre parfaitement le message de la chanson. En effet, il met en scène des femmes matures et mariées semblent-ils qui empoignent une jeune demoiselle dépravée et aguicheuse et lui donne une bonne leçon de…chakacha et baiokoko en dirac (boubou d'Afrique de l'Est). Elles prouvent ainsi qu’elles sont autant sensuelles et performantes que certaines jeunes filles.

Hum mes Dileurs, je peux vous dire que « ça shake son booty » comme ce n’est pas permis dans le clip!!!

Regardez-un peu...

 

 

Twerk, baiokoko, leumbel...where is the difference?

 

3-Quand le sensuel devient sexuel

 

booty shakeJ-LOBeyoncéAprès vous avoir donné de quoi vous rincer les yeux, il est temps d'en venir aux faits. Ces différentes danses ne me dérangent pas en soi, non,  c’est plutôt l’apologie que les médias et les artistes du monde entier en font et les répercussions qu’elle a sur notre société. Les médias en tous genres vomissent presque du twerk à longueur de journée!  Si certains se réjouissent de l’afflux des et plus tard jouaient de leurs atouts dans les années 2000, elles le faisaient subtilement., d’autres comme moi font une véritable overdose! Il fut un temps où les artistes n’avaient pas besoin d’exposer leur corps pour exister sur la scène musicale ! Et quand bien même

 

mœurs, à l'hégémonie culturelle des pays occidentaux sur le reste du monde et à la révolution technologique qui accélère la divulgation de certaines pratiques et tendances de l'Ouest. Ainsi, certains puritains du pays de la Teranga se révoltent contre l’ascension du leumbeul dans la culture sénégalaise qui, selon eux, est indigne de la femme sénégalaise et la dégrade.Cette revulsion pour le phénomène ne s’arrête bien évidemment pas à moi. Dans certains pays africains (où le clivage tradition/modernité est manifeste),  les conservateurs voient à travers ces danses à connotation sexuels une violation de leur folklore. Ces derniers se retrouvent confrontés à l'occidentalisation des 

 

De plus, certains gouvernements ont eu à prendre des mesures drastiques pour endiguer les phénomènes et prévenir certaines dérives comme la prostitution. Le daggering (danse jamaïcaine qui consiste à mimer l’acte sexuel) a été banni des ondes télévisées et radiophoniques publiques par le gouvernement.


Ce qui est le plus affligeant, c’est l’impact de cette mode sur les jeunes générations.  Elles sont effectivement facilement influençables et recherchent en permanence des modèles d'identification. Grandissant dans une société voyeuriste, les jeunes filles (ou garçons) vont s'exposer en reproduisant ce qu'elles (ou ils) voient sur les réseaux sociaux, sans considérer les conséquences qui peuvent en découler. Ces nouveaux canaux de communication ont d'ailleurs joué un rôle déterminant dans la propagation du twerk. Quelques parents et institutions s’indignent et s’insurgent contre cette tendance…mais les réseaux sociaux demeurent un adversaire redoutable dans certains cas. Comment  justifier la lignée de twerkeuses qui prolifère et l'effervescence qu'il y'a autour des danses à caractère sexuel?


Well
...L'hypersexualisation des danses ne serait-elle pas profondément liée à la libéralisation des mœurs? En effet, cette exploitation malsaine de danses traditionnelles foncièrement africaines ou de rituels sensuels scellés dans l'intimité va de pair avec la révolution sexuelle qui marque notre époque et l'évolution de nos mœurs.

Au vu de ce que l'on peut observer aujourd'hui, je me demande vraiment à quel degré d'impudence notre société va-t-elle encore se hisser... 


jackywest

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